L’été, c’est le temps de la détente et souvent, entre les bains de mer, les sorties en montagne et les randonnées, c’est aussi le cinéma. Et lesquels voir ou revoir si vous travaillez dans le monde des ressources humaines ? En voici cinq, sélectionnés pour vous, qui parlent de travail, certes, mais surtout qui vous font réfléchir sur la société d’aujourd’hui, le désir de revanche, l’objectif personnel et l’importance de la collaboration.
Pour chacun d’entre eux, nous vous indiquerons le titre (évidemment), l’année de sortie, l’intrigue, mais surtout pourquoi le voir, ainsi que le compte-rendu d’une phrase qui nous a frappés.
Nous commençons notre sélection (qui n’est pas classée par ordre d’importance, mais absolument aléatoire) par « My Brother and I », et poursuivons avec « I am Storm », « Air – the Great Leap », « We Like Assholes Stayed Behind » et « Sorry We Missed You ».
My Brother and I
Le film, sorti en avril dernier, se déroule entre Milan et la Calabre et offre aux amoureux du Sud des paysages d’une grande beauté. L’histoire est celle d’une famille qui, comme beaucoup d’autres, se sépare à la mort du père. Sofia (jouée par Denise Tantucci) s’installe à Milan et son frère Mauro (Cristiano Caccamo) reste en Calabre pour gérer le domaine viticole familial, partageant la maison avec leur mère (Lunetta Savino) et leur tante excentrique (Teresa Mannino). Tout est destiné à changer lorsque Sofia découvre que son frère épouse une ancienne flamme, Michela. Elle décide alors de retourner au village pour briser le mariage, mais ce qu’elle découvre va au-delà de l’amour.
Pourquoi le voir
L’intrigue pourrait faire penser à un film romantique plutôt qu’à un film respectueux des droits de l’homme, mais c’est vite dit. Les deux frères et sœurs font le point sur ce qu’ils sont vraiment, sur leurs aspirations et sur l’importance de travailler ensemble à la réalisation d’un projet commun, celui de sauver le domaine viticole.
Sofia est inventive, sait impliquer les gens, en particulier les ouvriers qui appréciaient son père – grâce aussi à l’aide de Bernardo (Nino Frassica) – et aime beaucoup le vin. Elle a quitté Altomonte (la ville où se déroule l’histoire), mais découvre qu’elle a le goût des affaires dans le sang. Son frère Mauro s’est retrouvé gérant, en charge de l’entreprise familiale, sans y être vraiment préparé et surtout sans en avoir envie.
Bien qu’il s’agisse d’une comédie romantique, le film met en évidence des aspects liés au monde du travail : savoir ce que l’on veut dans la vie et comment l’atteindre ainsi que le fait que, lorsqu’on démarre un nouveau projet, il est important d’avoir le soutien de tous ceux qui en font partie et qui s’y intéressent car cela peut ouvrir des voies inattendues (nous n’en dirons pas plus pour ne pas gâcher la surprise).
Une phrase du film
“La perfection n’existe pas, alors on choisit et on regrette les voies que l’on a abandonnées.”.
I am Tempesta (2018)
Un film que l’auteur a aimé – comme les autres d’ailleurs – parce qu’il met en scène deux des meilleurs acteurs que le cinéma italien puisse nous offrir : Marco Giallini et Elio Germano qui interprètent respectivement le riche Numa Tempesta et un père qui, avec son fils, est contraint de se réfugier dans un centre d’accueil.
L’intrigue, en résumé, voit le riche homme d’affaires condamné pour fraude fiscale et contraint d’effectuer un an de travaux d’intérêt général dans un centre d’accueil, où il devra s’occuper de nettoyer et d’aider les « pauvres » qui s’y trouvent, faisant ainsi preuve d’une empathie qu’il n’a pratiquement jamais éprouvée pour personne. Parmi eux, Elio Germano.
Pourquoi le voir
Une réflexion sur les relations humaines et la classe dirigeante actuelle ainsi que sur ces différences qui ne sont qu’apparentes et qui, tout en partageant la même situation, tendent à disparaître. Une comédie italienne qui divertit tout en rappelant la figure de Silvio Berlusconi et ses démêlés avec la justice, mais avec un Marco Giallini qui construit néanmoins un personnage très original, ironique et dont les blagues donnent à réfléchir.
Une phrase du film
“Ces jours-ci, sans téléphone, j’ai perdu trente millions, mais la nuit dernière, j’ai dormi comme un bébé.”
Air (2023)
Pour ceux qui ne sont pas fans de basket-ball, le film peut, à première vue, laisser penser qu’il ne vaut pas la peine d’être regardé. L’histoire est en fait celle de Michael Jordan et de la manière dont il entame sa relation commerciale avec Nike, qui le conduira plus tard à signer les légendaires chaussures Air Jordan. En réalité, Michael Jordan est au second plan, il est encore un jeune garçon et les véritables protagonistes sont sa famille, en particulier sa mère Deloris Jordan (jouée par Viola David), Phil Knight (Ben Affleck) et Sonny Vaccaro (Matt Damon), un découvreur de talents dont l’objectif est d’apporter à l’entreprise la prochaine star de la NBA avec laquelle elle pourra collaborer.
Le film retrace ensuite le travail de persuasion de la direction de Nike au cours de ces années, les efforts du découvreur de talents et des designers pour convaincre Jordan et la naissance d’un partenariat qui est devenu légendaire.
Pourquoi le voir
Pour de nombreuses raisons, tout d’abord pour voir comment négocier afin d’atteindre un objectif intermédiaire qui satisfasse chaque personne impliquée dans la transaction.
De plus, Knight, en tant qu’entrepreneur visionnaire faisant confiance à son découvreur de talents, est un vrai régal et nous fait réfléchir à l’importance de procéder ainsi dans le monde des affaires, même lorsque les chiffres semblent aller dans une autre direction. Sonny Vaccaro, avec son entêtement et sa capacité à impliquer les gens autour de lui, incarne définitivement un type de leadership qui n’est pas lié à la gestion, mais plutôt à ceux qui ont une direction, savent comment l’atteindre et comment s’entourer des bonnes personnes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une personne apparemment charismatique.
Une phrase du film
-Comment avez-vous pris cette décision ?
-Je suis allé courir.
(dialogue entre Ben Affleck et Matt Damon)
On Our Watch (2021)
C’est un film qui fait froid dans le dos, à la fois pour ceux qui utilisent quotidiennement des applications de livraison de nourriture et pour ceux qui réfléchissent constamment à l’économie des applications et à ses inconvénients. Mais ce n’est pas tout : c’est un film qui donne à réfléchir sur la marchandisation du travail et sur la façon dont la vitesse peut souvent être préjudiciable.
Mais commençons par l’intrigue : dans ce film qui se déroule dans un futur non identifié, un très bon Fabio Di Luigi (dans le rôle d’Arturo Giammarresi) est au départ un homme qui réussit : travail intéressant, belle maison, petite amie jusqu’à ce que, précisément à cause de l’algorithme qu’il a conçu, il se retrouve licencié et, à presque 50 ans, est incapable de trouver un nouvel emploi. Il ne parviendra qu’à trouver un emploi de pilote pour la multinationale Fuuber, qui l’exploite et fait de la vitesse et des algorithmes sa bannière de travail.
Pourquoi le voir
Le film, réalisé par Pif, aborde avec une comédie douce-amère la contemporanéité d’un monde qui souvent, à la recherche du confort, de la vie faite d’une certaine manière, ne s’interroge pas sur tout ce qu’il y a derrière et sur la solitude qui en découle. Fabio De Luigi va tomber amoureux d’un hologramme qui devient la seule « personne » capable de le comprendre, de le soutenir et de l’encourager. Il y a là aussi, à mon avis, une critique voilée d’une société composée de personnes qui ne se soutiennent pas toujours, ou plutôt qui ne sont capables de le faire que lorsque tout va bien, mais qui ne veulent pas être là lorsque les choses risquent de rompre un équilibre difficile à atteindre. Pour un RH, une manière de réfléchir à ce que signifie la productivité aujourd’hui, mais aussi aux relations de travail.
Une phrase du film
“Il doit y avoir une erreur sur votre portail, car lorsque je veux entrer mon âge, il passe à 40 et reste bloqué, et je ne peux pas entrer mon âge !”
Sorry, we missed you (2019)
Un film sorti avant la pandémie qui reste toujours aussi actuel, aussi cru que le réalisateur Ken Loach sait l’être. Nous sommes au Royaume-Uni, à Newcastle plus précisément, et nous entrons dans la vie d’une famille composée d’un homme, d’une femme et de deux enfants confrontés à la crise mondiale. Là aussi, c’est le licenciement et c’est Ricky qui, pour se relancer dans le monde du travail, vend la voiture de sa femme (infirmière à domicile) pour acheter une camionnette et travailler comme coursier indépendant. La rapidité et la productivité sont à l’honneur avec des scènes vraiment touchantes lorsque le protagoniste est trop fatigué pour travailler – risquant ainsi un accident – ou lorsqu’il est attaqué par des voyous qui lui volent ses marchandises à livrer. Ou encore lorsqu’il emmène sa fille adolescente avec lui pour effectuer les livraisons, subissant les reproches du patron.
Pourquoi le voir
Les raisons en sont multiples et toujours liées au mythe de la productivité évoqué plus haut, mais elles conduisent à une autre réflexion, celle des conditions dans lesquelles les gens travaillent. Et cela vaut pour ceux qui exercent des métiers physiquement fatigants, comme celui du protagoniste, mais aussi pour ceux qui travaillent par exemple en smart working, atteignant 10 heures à leur bureau, s’arrêtant tout au plus une demi-heure.
Cela vaut donc la peine d’être vu pour essayer de concevoir un travail plus humain qui tienne compte des différents besoins de chacun et de la difficulté rencontrée par les parents qui ne savent pas à qui confier leurs enfants ou comment gérer les problèmes qu’ils « créent » pendant qu’ils sont au travail.
Une phrase du film
“Vous ne travaillez pas pour nous, vous travaillez avec nous”.