Qu’attendons nous pour développer le social learning ?
Le social learning sera-t-il la prochaine révolution pédagogique ? Pourquoi les entreprises ne s’approprient pas ce média particulièrement pertinent pour la formation ?
Pourtant, les supports sont là : Linkedin existe depuis 2002, Facebook 2004, WeChat, comme SnapChat, depuis 2011, qu’attend-on pour agir ? Y aurait-il une raison cachée ?
Le premier réseau social contemporain est né en 1997, il y a plus de 20 ans avec « sixdegrees ». A l’époque, on pouvait déjà créer son profil, inviter des amis, voir les amis de nos amis et aussi leur envoyer des messages… voilà une innovation qui n’a rien à envier aux réseaux sociaux actuels. Et sixdegrees a eu son petit succès avec jusqu’à 3,5 millions de membres. Aujourd’hui, il a fortement périclité et ne garde qu’un atout vintage face aux grands de ce monde. Ce n’est pas le cas des autres comme Facebook qui affiche plus de 2 milliards d’utilisateurs actifs ou WeChat avec plus d’un milliard d’actifs. Donc, concrètement, Qu’est-ce que les apprenants pourraient apprendre de cet outil ?
Social learning : le monde devient formation
Comme l’illustre le nom de sixdegrees, chaque personne serait à 6 degrés de n’importe quelle personne dans le monde : c’est la théorie du petit monde, de Stanley Milgram. En d’autres termes, chaque personne est connectée à n’importe qui sur terre, à travers, au maximum, 6 intermédiaires. Après plusieurs analyses, l’Université de Milan a même réduit ce nombre. En effet, grâce aux données Facebook, elle a calculé que le nombre de degrés serait de 4,74 en 2011 et même de 3,75 en 2016, ce qui montre bien l’impact des réseaux sociaux sur le monde actuel.
Selon cette étude, n’importe quel expert ne serait qu’à 3,75 degrés de n’importe quel apprenant… ce qui prouve que le social learning va réduire majoritairement le monde de la formation. En effet, sous réserve de la langue, la formation devient mondiale et/ou le monde devient formation.
Vers une autre manière de se former :
Les apprenants ne sont plus en verticale face à la formation, le social learning autorise une horizontalité de celle-ci avec des nouvelles opportunités, qui vont engendrer de nouveaux risques, comme la disqualification de la formation. C’est la problématique si médiatique des Fake news. L’Université de Yale a publié une enquête le 8 décembre 2017 auprès de 7 500 personnes particulièrement réceptives aux fakes news. Une information estampillée « contestée » ne change que peu l’avis des lecteurs (que 3,7 % prennent cette information), et pire, les fakes news augmentent le pourcentage à croire à des fakes news…
Comment expliquer cela ? Une fake news est une information plus affective, ce qui va renforcer le partage. Il existe deux façons d’aborder la situation, soit en créant des « bureaux de vérifications » pour un résultat qui change peu, soit en organisant des informations vérifiées plus affectives.
C’est toute la problématique que l’on retrouve en pédagogie, il s’agit de rendre la formation plus affective, en faire une vraie expérience humaine. Il faut donner de l’émotion, surprendre, choquer, commenter, et là, la magie opérera. La formation affective développera sa propre viralité en stimulant l’engagement. Une nouvelle grammaire émerge, reste à écrire les histoires qui iront avec.
Apprendre « seul ensemble » ?
Le social learning fait la part belle aux apprenants dans une relation 2.0, serait-ce la fin des corps intermédiaires ? La réponse est non, bien au contraire. Un apprenant n’apprend jamais seul quel que soit le média, aujourd’hui plus que jamais ils apprennent « seul ensemble », le ensemble qui socialise la formation et qui permet le pilotage par l’entreprise. Si la main est redonnée à l’apprenant, c’est le marketing qui va permettre d’orienter les choix et c’est donc l’entreprise qui va piloter la communauté apprenante grâce à son animateur et sa pédagogie affective.
La formation est par définition une convention sociale construite autour de formes standardisées. Le changement, avec le bottom up, est d’assurer un interaction sociale nouvelle en laissant une place plus importante aux « foules intelligentes » (Howard Rheingold, 2005). Les professionnels de la profession ont besoin d’apprendre une agilité culturelle nouvelle et cela nécessite donc une formation de la formation.
Pour poursuivre la discussion autour de l’évolution de la formation nous vous invitons à revivre notre webinar « Quel est l’avenir du responsable formation ? » qui a été dispensé par Stéphane Diebold, et Vincent Maurin, e-Academy Lead chez ArcelorMittal.